Communiqué de Manif’Est sur la fermeture du site linksunten.indymedia



Depuis vendredi 24 août, linkunsunten.indymedia est interdit en Allemagne et la gestion du site Internet est illégale.

L’interdiction repose sur la loi sur les associations et a elle été accompagnée de plusieurs perquisitions par le LKA (le GIGN allemand) chez les personnes suspectées de modérer le site, à Freiburg. Outre 4 appartements, le centre autonome KTS s’est aussi fait perquisitionner et toute l’infrastructure IT qui s’y trouvait a été saisie.

Manif’Est (manif-est.info) se situe dans la tradition des Indymedia et se solidarise avec Linksunten comme avec les personnes touchées par cette vague de répression. L’interdiction est dirigée contre Linksunten mais elle vise toute gauche radicale non parlementaire. Linksunten est une plateforme d’échange centrale pour les mouvements sociaux autonomes dans l’espace germanophone. On y trouvait des communiqués, des analyses et des informations de différences tendances antiautoritaires. Tout comme sur Manif’Est, chaqu’unE pouvait y publier du contenu. L’interdiction attaque surtout ce principe d’ouverture et d’anonymat.

Plusieurs fois déjà l’interdiction de Linksunten avait été demandée. Les voix qui la réclamaient sont devenues particulièrement fortes après le succès des actions de protestation contre le G20. Linksunten a été un élément important de ces protestations en permettant, grâce à son ouverture et sa grande résonance, de porter et rendre visible le contenu de ces protestations bien au-delà du milieu habituel. Rien que durant le mois de juillet, trois millions de personnes se sont rendues sur la plateforme. Linksunten a aidé beaucoup de personnes à s’organiser, à s’informer de manière indépendante, et leur a permis d’échanger des idées sur ce qui se passait. La visibilité d’idées et d’analyses radicales est très importante, particulièrement dans une période où les conflits sociaux s’intensifient.

Après la contestation contre le G20, les politiques de toutes les couleurs, de la CDU au SPD, n’ont cessé d’exiger des sanctions plus lourdes contre les manifestantEs, une surveillance plus forte, notamment des plateformes de communication. Quarante années après « l’automne allemand », l’hystérie est de retour et avec elle une répression plus acérée. À Hambourg, les puissants ont été surpris par la colère qui gronde dans le ventre de la bête. La répression a été conduite à coup d’unités spéciales, de fusils et de violence massive. À présent c’est l’interdiction d’Indymedia, une attaque contre l’infrastructure.

L’interdiction s’ancre aussi dans la phase « chaude » du combat électoral allemand. Le ministre de l’intérieur De Maizière et la CDU cherchent à se profiler au travers de leur engagement contre la gauche radicale. L’activisme du ministère de l’intérieur est aussi en lien avec la montée en influence de l’AFD (nouveau parti d’extrême droite). La CDU craint sûrement de perdre des électeurs et électrices sur sa droite, si elle ne se montre pas assez ferme.

Comment agir face à cette interdiction est une question encore ouverte. Linksunten a annoncé la réouverture prochaine du site. Ce qui sûr, c’est qu’Internet est un espace vaste et que des alternatives vont rapidement surgir. Ce qui est également sûr, c’est que la colonisation de cet espace (libre) va augmenter et que dans le futur, nous allons nous retrouver plus fréquemment confrontéEs à ces attaques étatiques.

Manif’Est, tout comme d’autres projets similaires, restera également dans le futur un canal de communication ouvert et anonyme pour une critique et des actions autonomes. Il s’agit justement de saboter l’ordre établi et de prendre part aux conflits sociaux.

Solidarité avec Linksunten ! Pour un Internet libre !