Lettre ouverte à Dominique Potier

Toul et Toulois (54) |

Une lettre ouverte reprise par RésisteR !. Où l’on découvre les méthodes de l’édile socialiste du Toulois juste avant sa réélection comme député.

« Dimitri Tsagouris, mon mari, et moi, Élisabeth Tsagouris, avions voté pour vous au deuxième tour des législatives en 2012. Nous voulons vous poser des questions sur votre engagement actuel.

En lisant votre tract appelant à voter Emmanuel Macron au deuxième tour des présidentielles (pour faire barrage au FN), nous avons noté la disparition du logo et de la « grammaire socialiste » et nous avons compris que vous aviez jeté aux orties votre appartenance au PS pour adopter sans complexe les couleurs et le style de « En Marche ». Nous avons pensé alors que vous veniez de faire allégeance à Emmanuel Macron.

Et depuis, vous affirmez vous situer « au-delà de toute étiquette politique ». Si j’ai bien compris, vous voulez dire que vous vous présentez comme le « candidat socialiste » (expression reprise par Mathieu Klein au soir du 1er tour des législatives, accompagnée du discours autour d’une nécessaire opposition à l’Assemblée Nationale) et, en même temps, que vous ferez partie d’une « majorité équilibrée » comme vous dites, expression qui signe votre nouvelle appartenance à Emmanuel Macron ?

Dominique Potier, vous ne transcendez pas les partis politiques, vous êtes en réalité un homme de droite qui – avec François Hollande, les ministres et élus du PS – a tué la gauche en reniant les valeurs du socialisme par une politique délibérément libérale, mâtinée d’un discours socialisant.

Dominique Potier, si vous êtes élu député, pensez-vous sérieusement, comme vous le dites dans votre programme, que vous allez éradiquer les paradis fiscaux ? Que vous allez sortir de l’ubérisation et du travail détaché ?

Dominique Potier, si vous êtes élu député, quelle position allez-vous adopter face à l’augmentation de la CSG pour les retraités à partir de 1200 euros de retraite ? Quelle position face à la simplification des procédures de licenciement ? Face à la suspension des allocations-chômage après deux offres d’emploi refusées et si la recherche d’emploi est jugée insuffisante ? Face à la disparition des prud’hommes ?

Dominique Potier, êtes-vous intervenu ces jours derniers en tant que député pour empêcher la « traque policière » contre les migrants, aujourd’hui, à Calais (c’est l’expression de Jacques Toubon, le Défenseur des droits, qui parle aussi de « conditions de vie inhumaines ») ? Si vous êtes élu député, que ferez-vous, pour empêcher la police de Gérard Collomb de s’acharner contre les migrants et plus largement contre la politique anti-migrants mise en œuvre dans le cadre de l’Union européenne ?
Dominique Potier, comment serez-vous « le candidat éthique » (c’est votre expression) que vous prétendez être ? »

Élisabeth Tsagouris, Le 15 juin 2017

Biographie et circonstances de l’incident survenu le 15 juin vers 22 heures à Toul

Je m’appelle Élisabeth Tsagouris, j’habite à Toul. J’ai 68 ans. Je suis militante de gauche, depuis 25 ans à Droit au logement (DAL 54), Je me suis présentée aux élections départementales de mars 2015, dans le canton de Toul, avec Patrick Bretenoux, pour le Front de Gauche.

Mon mari, Dimitri Tsagouris, et moi-même, Élisabeth Tsagouris, sommes allés au « rassemblement citoyen », réunion publique organisée par Dominique Potier, député de la 5e circonscription de Meurthe-et-Moselle, et Martine Huot-Marchand, sa suppléante, en présence de Mathieu Klein, jeudi 15 juin à 20 h 30 à l’Arsenal de Toul.

J’ai demandé à prendre la parole quelques minutes pour poser des questions au candidat et, bien que non prévue comme intervenante, j’y ai été autorisée. Mais, lorsque j’ai pris position en interpellant Dominique Potier sur son engagement actuel et non pour lui adresser des louanges, le public m’a sifflée, on m’a demandé de quitter la tribune, puis on a coupé le micro et, enfin, un nombre important de jeunes hommes m’ont bousculée sans ménagement, attrapée et jetée au-dehors de la salle par une porte arrière.

Le responsable de cette réunion publique, Dominique Potier, n’est pas intervenu ni personne parmi les nombreux « élus de gauche » qui étaient présents pour demander de me laisser terminer mon intervention de trois minutes exactement.

Pour exprimer malgré tout ce que je voulais dire, j’ai rédigé une « lettre ouverte à Dominique Potier » qui pose les questions que j’ai essayé de lui poser et que je vous transmets.

Élisabeth Tsagouris, le 16 juin 2017

Paru dans RésisteR ! #50 le 9 juillet 2017