A.S.A.B ! (All Soldiers Are Bastards)



Depuis plusieurs semaines, des tags fleurissent en soutien au général Tauzin. Le gaillard envisage de se présenter aux prochaines élections présidentielles. Bien que cela ne soit pas là le signe d’une grande originalité, sa future candidature mérite de s’y arrêter quelques instants.

Tombé dedans depuis tout petit, le papa était déjà militaire, lui a su grimper dans la hiérarchie en s’illustrant hors de ses terres aussi rapidement que le lierre parasite sait s’imposer dans l’espace d’autrui. Les terres où l’individu belliqueux s’est illustré sont tristement célèbres. De 1992 à 1994, c’est au Rwanda qu’il parfait son art. Accusé au minimum de complicité de génocide lors de l’opération Turquoise, il s’en offusquera dans plusieurs articles de presse par la suite. Grand merci lui sera rendu pour cette défense sans faille de l’honneur de l’armée au service des capitalistes français française. Il dirigera donc tout tranquillement le SMA pendant plusieurs années. Quand on est à l’aise dans la néocolonisation, rien d’étrange à l’être aussi avec les « jeunes défavorisés » des départements d’outre-mer. La nostalgie des colonies, ça ne se commande pas…

Après diverses activités, nous le retrouvons en 2013 aux côtés de la « Manif pour tous ». En 2015, il crée le mouvement « Rebâtir la France » avec un programme, il faut bien le dire, pas très original à côté de celui du FN. Comme Marine Le Pen ou Macron, il se déclare « ni de gauche ni de droite ». Il envisage de « réduire le déficit de l’État, en réduisant la dette publique » et de « recouvrer notre souveraineté »… Mais il se fait fort aussi d’« œuvrer à la pacification et au développement de l’Afrique et du Proche et Moyen-Orient ». Que voulez-vous, on ne se refait pas. La nostalgie bien sûr.

Preuve que l’amitié n’est pas un vain mot dans ce grand corps qu’est l’armée, c’est ainsi que, début 2016, le général prendra parti pour en défendre un autre : Christian Piquemal. Ce dernier, formé par le général Bigeard, s’étant fait arrêter lors d’une manifestation organisée par PEDIGA, à Calais, où il dénonçait « l’islamisation de l’Europe ». Le général Tauzin, un candidat normal, dans l’air du temps.

Mais l’armée a plus d’un général dans son barda ! Pendant que le général Tauzin s’essaie à la politique, il en est d’autres qui « font le job » comme dirait Trump. Fin 2016, l’opération Sangaris quitte la Centrafrique. Un exemple de réussite pour l’armée française. Malheureusement pour la belle image de Jean-Yves Le Drian, un collectif de journalistes – plus particulièrement Justine Brabant et Leïla Miñano – entend bien creuser un peu le sujet de la présence des soldats français pendant presque trois ans dans ce pays. Les témoignages sont sans appel : viols et agressions sexuelles. Femmes, enfants, y compris mineur.e.s, tout est agréable à délasser le soudard ! Échanges de rations alimentaires contre fellations, relations sexuelles avec une mineure dont le prix du silence sera évalué à 23€ par le pédophile militaire ! Le silence sur ces exactions, dont ces quelques exemples prouvent l’horreur du comportement militaire, n’est plus possible. Le journal Mediapart relaie l’action « Zero Impunity ». Il faudra bien que les responsables soient identifiés et punis pour leurs crimes.

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Décidément, en ce début 2017, l’armée est particulièrement présente dans l’actualité. Au Mali, cette fois, c’est l’opération Barkhane. Les capitalistes français aiment vraiment envoyer leur armée sur ce continent ! La nostalgie, encore et toujours, sûrement… Toujours à l’affût du haut fait militaire, là, c’est un dangereux guetteur terroriste qui est abattu. Problème tout de même, le dangereux terroriste est un gamin de 10ans. N’écoutant que leur courage, les soldats décident, pour mieux enterrer leur grosse erreur, d’enterrer carrément le corps du jeune enfant. Ni vu ni connu. C’est vrai après tout, qui s’en souciera ? Qu’ont pu croire ces fossoyeurs tricolores ? Difficile à imaginer. Eh oui, comme dans beaucoup d’endroits sur cette terre, les enfants ont des parents, de la famille. Celle de l’enfant s’est inquiétée et a découvert l’affaire. Interrogée par des émissaires de l’ONU, l’armée, par la bouche d’un général, admet la réalité de cette « mission » du bout des lèvres. Il faudra deux semaines pour qu’une enquête soit ordonnée. Combien de temps faudra-t-il attendre pour quelles conclusions ?

Partout où elle passe, l’armée commet crimes et exactions. Il en est ainsi de toutes les armées et depuis toujours. Défiler en petits pelotons dans les rues des centres-villes sous couvert d’un état d’urgence qui est devenu permanent ne peut suffire à ces tueurs autorisés et patentés. Aller se repaître sur le dos des plus malheureux, en feignant de ne pas avoir conscience de le faire au nom des plus riches hommes d’affaires qui les payent, en fait des mercenaires monstrueux. Quoi qu’ils fassent, ils ne le font pas en notre nom !

À bas l’armée ! Celle du capital, celle de l’horrible général Tauzin et toutes les autres !

Jihel

Article paru dans RésisteR ! #47, le 27 janvier 2017